Le PNUD et ses partenaires promeuvent l’ «énergie propre» pour un développement durable à Capotille

14 avril 2021

Un technicien en train de mettre à point le système electrique. © PNUD Haïti, Ruvens Ely Boyer

Port-au-Prince, 15 juin 2016 – La mairie de Capotille, l’Electricité d’Haïti et le Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD) ont procédé, ce mercredi 15 juin 2016, à l’inauguration d’une micro-centrale communautaire d‘hydroélectricité à Capotille. D’une capacité de 11 Kilowatts (Kw), cette centrale est située à Magazen (commune de Capotille), une localité rurale de la zone frontalière Haïti-République Dominicaine, à 13 kilomètres au sud de la ville de Ouanaminthe.

Financé par le Programme de micro financement (PMF) du Fonds pour l’environnement mondial (FEM) à travers le PNUD et la Fondation interaméricaine (IAF), ce projet apporte de l’énergie propre à environ 71 familles de cette communauté reculée et difficilement accessible du Nord-est d’Haïti.

L’électrification de la communauté de Magazen ouvre de nouvelles perspectives socio-économiques pour les familles qui peuvent désormais bénéficier d’un éclairage nocturne, mais aussi de l’accès aux moyens d’information comme la radio et la télévision. Cette réalisation améliore déjà l'éducation des enfants et permet de générer des revenus supplémentaires tout en réduisant l'exode rural.

Depuis la mise en place de ce système d’éclairage la plage horaire des activités des ménages de Magazen a changé. Par exemple, Les femmes passent moins de temps à la récolte de combustible traditionnel (bois).

Intervenant à la cérémonie d’inauguration, le coordonnateur national du Programme de micro financement (PMF) du PNUD Haïti, Jean Parnell Dimanche a salué l’engagement de la communauté dans la réalisation de ce projet.

« La communauté de Magazen a fait preuve de courage et de détermination et le résultat que nous célébrons aujourd’hui témoigne de son implication réelle. Avec cette centrale, Magazen donne le ton de la lutte contre les changements climatiques et le problème crucial du déboisement. Cette communauté est en train de faire l’heureuse expérience de ce que peut nous apporter la coopération Sud-Sud »

Agée de 27 ans, Ludia Joseph a bénéficié de l’électrification de sa maison et témoigne qu’elle n’a jamais espéré être bénéficiaire d’un tel projet.

« C’est la première fois que je vois une ampoule allumée dans notre localité. C’est une chose que je pouvais me permettre d’espérer mais c’est arrivé et j’en suis fière. Cela me donne espoir que d’autres réalisations sont possibles à Magazen » a-t-elle déclaré en marge de la cérémonie d’inauguration. »

Premier citoyen de la commune de Capotille, le Maîre Adrien Eugène s’est réjoui de la mise en place de cette centrale de micro hydroélectricité et salué les efforts conjoints des partenaires en vue de répondre à un des besoins exprimés par la communauté de Magazen elle-même.

«Ce projet est capital pour la communauté. C’est une victoire que nous, habitants de Magazen, venons de remporter sur le chemin du développement durable. Cette réalisation vient changer le visage de notre communauté. Nous allons continuer sur cette lancée avec tous les partenaires de développement évoluant sur le terrain. »

L’électricité produite par la centrale de Magazen est dite propre car elle n’engendre aucune émission de produits toxiques ni de gaz à effets de serre. Selon les études estimatives réalisées par le Dr Michela Izzo dans le cadre du projet, une centrale thermique de même capacité émettrait 90 tonnes de CO2 par an.

En plus de réduire sa consommation de bois comme combustible pour la cuisine, la population locale a reboisé une superficie de 39 hectares en amont du bassin-versant de la « Rivière Bernard ». Plus de 42 000 plantules forestières et fruitières ont été mises en terre, ce qui contribuera au cours des cinq prochaines années à l’absorption additionnelle de 90 tonnes de CO2 par an (Ref. Dr. Michela Izzo). Avec cette activité de reboisement, la communauté de Magazen a construit un poumon autour des installations de la centrale. La pluviométrie pourra être augmentée et une plus grande infiltration des eaux sera constatée. La population a été sensibilisée sur l’importance des arbres dans la disponibilité de l’eau et décident de les protéger. Le projet a aussi facilité la formation de 45 jeunes de la communauté pour assurer la gestion responsable et autonome du système installé.

L’expérience a montré que les politiques de développement en milieu rural ont été des outils efficaces pour diminuer l'exode rural. Le PNUD et ses partenaires demeurent convaincus que ce projet, entre autres, constituera un outil de premier choix dans cette logique. Avec cette initiative, le PNUD et ses partenaires souhaitent contribuer à réduire l’écart en cette matière entre les villes et les milieux ruraux. Car les villes ont toujours été mieux desservies en électricité que les campagnes.

Haïti est le pays ayant le plus faible taux d’électrification de l’Amérique latine et des Caraïbes. Seulement 10% de la population haïtienne dispose d’un accès extrêmement limité à l’électricité et à un coût élevé pour une population dont 45% de travailleurs dispose de moins de US$ 2 /jour.

Le pays connait des problèmes d’approvisionnement énergétique de plus en plus importants depuis quelques années en raison des défaillances techniques au niveau des centrales, les réseaux de distribution défectueux et le non-paiement récurent des clients. Les besoins énergétiques sont majoritairement comblés à partir des ressources locales (55% par le bois de feu, 16% par le charbon de bois, 24% par les combustibles fossiles et 5% par l’hydro énergie) selon une étude sur l’énergie dirigée par l’ingénieur Jean René Marcoux publiée en 2014.

L’hydro-électricité ne satisfait, aujourd’hui, en Haïti qu’une faible part de la production totale en électricité. La filière thermique représente la majeure partie de l’énergie consommée. Aussi, le pays est-il très vulnérable à l’augmentation du prix du pétrole.

Jusqu’à aujourd’hui, l’Électricité d’État d’Haïti (EDH) gère des centrales hydro-électriques d’une capacité installée totale de 61 MW dont la plus importante reste celle de Péligre. En dehors des centrales électriques déjà installées, le potentiel hydroélectrique haïtien est estimé à plus de 150 MW soit environ trois fois la capacité de la centrale Péligre selon une étude réalisée en 2014 par la firme AECOM. Le soleil et le vent sont également des sources d’énergie renouvelable qu’Haïti pourrait exploiter.

Directrice de la planification du l’Electricité d’Haïti (EDH), Katleen Wainright a reconnu que cette réalisation est un exemple à suivre à travers le pays.

« Ce projet me fait croire qu’il est possible de reproduire cette expérience dans d’autres zones du pays. Et je crois qu’il faut y penser sérieusement» a-t-elle laissé entendre.

Cette initiative est en phase avec le nouveau cadre des Objectifs de développement durable (ODD) et contribue à plusieurs d’entre eux, en particulier l’ODD 7 qui vise à garantir l’accès de tous à des services énergétiques fiables, durables et modernes, à un coût abordable.

Ce projet participe de la volonté du Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD) et de ses partenaires de promouvoir des technologies propres pour la distribution d’énergie aux populations démunies en vue d’améliorer leurs conditions de vie.

Le PNUD et ses partenaires encouragent l’Etat haïtien et le secteur des affaires du pays à prendre avantage de cette expérience en vue de maximiser le potentiel du pays en matière de production d’énergie renouvelable.

Pour informations:

Guillaume Joachin, Chargé de communication / PNUD Haïti
guillaume.joachin@undp.org
+509 38729372

Ruvens Ely Boyer,
Chargé de Communication, PNUD Haïti 
ruvens-ely.boyer@undp.org
+509 48948534