En 2019, Haïti et la République dominicaine ont subi des secousses 2025 fois, soit 15 % de plus qu’en 2018

31 janvier 2020

Mme Samira Philip en train de présenter les outils opérationnels et d’information sur les risques majeurs disponibles. © PNUD Haïti / Ruvens E. Boyer

De G-a-D_Jean M. Saint Louis, 1er; Peterson Fanfan, 2eme et Kendy Revange, 3eme au concours de dessins EDUCARISK. © PNUD Haïti / Ruvens E. Boyer

M. Claude Prépetit, Directeur du BME en train de présenter le risque sismique en Haïti. © PNUD Haïti / Ruvens E. Boyer

© PNUD Haïti / Ruvens E. Boyer

© PNUD Haïti / Ruvens E. Boyer

© PNUD Haïti / Ruvens E. Boyer

Il va de soi qu’aujourd’hui il est scientifiquement impossible de prédire un tremblement de terre. Cependant les connaissances liées au phénomène sismique sont assez éprouvées pour décrire ce qui se passe sous nos pieds. Les plaques bougent. Les failles qui traversent nos territoires maritimes et terrestres accumulent de l’énergie et finiront par en libérer pour produire de petites ou de grandes secousses. M. Claude Prépetit, Directeur du Bureau des Mines et de l’Énergie a indiqué qu’en 2019, la terre a tremblé 2025 fois en Haïti et en République dominicaine.

L’Unité de Recherche en Géosciences de la Faculté des Sciences (URGEO) et le Programme des Nations unies pour le développement (PNUD) ont organisé, le mercredi 29 janvier 2020 à Port-au-Prince, une journée scientifique autour du thème « Risque Sismique et Éducation/Vulgarisation ». Cette journée a réuni plus d’une soixantaine de personnes, incluant  des universitaires, des experts nationaux et internationaux dans le domaine des risques naturels en général et du risque sismique en particulier, des représentants de la société civile ainsi que de diverses institutions étatiques impliquées dans la gestion des risques naturels en Haïti. Ceci, en vue d’engager des discussions autour de l’importance de la sensibilisation, l’éducation et la formation dans la gestion des risques.

La journée a été d’abord marquée par la remise des prix aux 3 gagnants d’un concours de dessin organisé sous l’égide de l’URGEO avec le soutien du PNUD grâce à ses partenaires financiers, notamment le Gouvernement Japonais et le Ministère des Affaires Etrangères de la Norvège,  dans le but de sensibiliser les écoliers et écolières sur les enjeux du risque sismique en Haïti. Jean M. Saint-Louis, Peterson Fanfan et Kendy Revange ont été, tour à tour, récompensés pour la qualité de leurs dessins.

M. Claude Prépetit (BME), Mme Samira Philip (PNUD), M. Gérard Métayer (SEMANAH) et Mme Marie Hélène Cormier (Université du Rhode Island) ont fait respectivement de très instructives présentations sur les régions à haut risque sismique en Haïti, les outils opérationnels et d’information sur les risques majeurs disponibles, l’enseignement des sciences à l’école et l’aléa tsunami.

Selon monsieur Prépetit, des secousses ont été recensées sur toute l’étendue du territoire haïtien de janvier à décembre 2019, soit au total 301 séismes avec des magnitudes variant de 1 à 4,8 sur l’échelle de Richter. Une grande partie de cette sismicité se situe en dehors des 3 grands systèmes de failles connus. Ce qui peut porter à déduire qu’il existe probablement des failles inconnues responsables de ces petites secousses. « L’activité sismique a été plus importante dans les départements du Sud’Est (30,6%), de l’Ouest (25,6%), du Nord’Ouest (16,27%) et des Nippes (8,6 %). Tandis que la république voisine a connu 1724 secousses cette même année » a précisé le directeur du BME.

Le 28 janvier 2020, Cuba et la Jamaïque ont connu un séisme d’une magnitude supérieur à 7,0 sur l’échelle de Richter. La rupture se produisait sur un segment très éloigné de la faille septentrionale qui traverse Haïti. On ignore quand le segment de la faille le plus proche d’Haïti libèrera son énergie. Dans un pareil cas, le scénario le plus probable pour la ville du Cap-Haïtien serait tout simplement apocalyptique.

Pour réduire le niveau de risque qui pèse sur la population face aux aléas naturels, plus particulièrement le risque sismique, les intervenants sont unanimes  à reconnaitre  la nécessité d’investir à court terme dans la sensibilisation, l’éducation et la formation et recourir à moyen et long terme à un aménagement du territoire bien informé et durable.

Le PNUD, depuis plus d’une dizaine d’années, fait de la connaissance scientifique des aléas naturels, l’une de ses priorités. Il a contribué au renforcement du Système National de Gestion des Risques et des Désastres (SNGRD) haïtien, à la production de nombreux documents et outils stratégiques tels que le Guide méthodologique pour la réduction des risques en milieux urbains et des cartographies multirisques dans divers départements et communes du pays. Ainsi, des avancées importantes ont été accomplies dans les domaines de l’identification, la caractérisation et la cartographie des failles actives sur 4 départements. Ces études révèlent la présence de nombreuses failles actives en dehors des 3 grands systèmes (de failles) classiquement connus en Haïti et mettent en exergue la vulnérabilité d’Haïti face aux séismes.

Par ailleurs, grâce à l’appui financier du Gouvernement du Japon, le PNUD soutient la mise en place et le développement du réseau de surveillance sismique à travers notamment la construction d’infrastructures, l’acquisition des équipements pour l’installation de deux stations sismiques émettant par Satellite (VSAT) à Jérémie et au Môle Saint Nicolas. Parallèlement, il  fournit un appui substantiel à l’Unité Technique de Sismologie (UTS) pour la réhabilitation et la réalisation des travaux de maintenance au niveau de l’ensemble des stations sismiques composant le réseau sismologique haïtien.