Cap-Haïtien : à la recherche de solutions locales en lien avec la gestion des déchets solides par le laboratoire d’accélération.

Par Pierre Faubert Lubin, Responsable de la cartographie des solutions AccLab, Haïti

24 février 2022

© PNUD Haïti

Le laboratoire d’accélération du PNUD Haïti travaille sur la gestion des déchets solides en Haïti au cours de l’année 2021. Après son travail d’exploration sur cette thématique, il est venu le temps de passer à l’étape de cartographie de solutions locales afin de prioriser ses objectifs à savoir usage d’une approche ascendante de développement, valorisation des solutions innovantes locales et l’usage de l’intelligence collective pour faire face aux défis complexes de développement.

La commune du Cap-Haitien a été choisie pour mener ces activités en raison du fait de l’évidence de la mauvaise gestion des déchets solides ici. Ces derniers sont déversés dans des espaces inappropriés tels que les égouts, les canaux de drainage ou tout simplement déposés sur les trottoirs. Conséquemment, la commune est encline à l’inondation lorsqu’il pleut.

Ainsi, le laboratoire a mené une mission de cartographie des solutions locales en lien avec la gestion des déchets solides allant du 23 novembre au 7 décembre 2021 dans la deuxième ville d’Haïti.

Dans le but de mener à bien ce travail de cartographie des solutions locales, le laboratoire a utilisé des méthodes de recherches ethnographiques pour répertorier les solutions autochtones en lien avec la thématique en question. Notamment, des focus groups ont été organisés avec comme contenu des exercices d’arbres à solutions, des profils historiques et des brainstormings au cours desquels le laboratoire a fait mention des questions qui n’ont pas été épuisées. L’interview d’informateur-clés et l’observation participante ont été très utiles dans cette quête de solutions locales.

Dans le cadre de cette activité, le laboratoire a rencontré des acteurs clés dans ce domaine tels que : des autorités locales, des leaders d’OCB, des professeurs d’université, des étudiants-tes, des entrepreneurs-res en lien avec la gestion des déchets solides, des récupérateurs des déchets plastiques et déchets métaux dans le secteur informel et des marchands-des.

Constats.

Au cours de cette mission le staff du laboratoire a pu faire les constats suivants : saturation de la commune en thème de déchets dans les rues, absence de sites de décharge, manque de sensibilisation de la population par rapport à la gestion des déchets et le manque de moyen de l’Etat pour assurer la gestion de ces déchets. Bref, gérer les déchets est un vrai défi dans la commune du Cap-Haïtien, cela est soumis à la règle générale, à savoir il aura des impacts négatifs sur le changement climatique et la pollution atmosphérique, sur de nombreux écosystèmes, de nombreuses espèces ainsi que notre santé.

En dépit de cette problématique, au sein de la communauté il y a des initiatives qui sont entreprises par les membres de la population/organisations telles que :

Confection de poubelles avec des bouteilles en plastiques, transformation des bouteilles plastiques en verre de champagne, Fabrication de fleurs avec des bouteilles plastiques, construction de maisons avec des bouteilles en plastiques (on utilise des tuiles pour faire les murs en les remplissant de bouteilles vides puis on a mis du mortier dessus), confection de « graj » (broyeur) avec des marmites de lait, construction de bricks avec du sable et du plastique, production de méthane avec des déchets organiques, composition de compost avec des déchets organiques, séances de sensibilisation de la population en lien avec la gestion des déchets solides, Recherche en lien avec la gestion des déchets solides dans le Nord par des étudiants-tes  de l’université de Limonade.

Certaines propositions relatives à la gestion des déchets solides ont été faites également notamment : La création d’une unité spécialisée de la Police Nationale d’Haïti avec la mission d’empêcher les gens de jeter leurs déchets au coin des rues, la mise en place de poubelles dans les différents points où il y a des déchets solides, la formation de comité de quartier pour gérer les déchets, l’accompagnement des OCB pour travailler sur la gestion des déchets solides, la coalition des OCB du Cap-Haïtien pour travailler sur la gestion des déchets solides.

Il importe de souligner que ces initiatives peuvent contribuer grandement à une meilleure gestion des déchets solides dans la commune du Cap-Haitien. Cependant, elles ne sont pas faites à une grande échelle en raison du manque de moyen économique des gens de la communauté.

Perspectives.

Il ne reste qu’à encourager ces initiatives communautaires en vue de favoriser l’intégration de la communauté dans la gestion des déchets solides dans la commune. Comme l’a proposé une organisation lors de cette mission de recherches de solutions, il serait utile que les OCB du Cap-Haïtien puissent travailler en synergie pour pallier aux problèmes de la gestion des déchets solides. Une telle idée mérite d’être encouragée.

Le laboratoire pour sa part, va expérimenter les solutions locales suivantes : 1-fabrication de briques avec des bouteilles plastiques, 2- Fabrication de gaz méthane avec des déchets organiques par combustion. Il compte accompagner également une étudiante travaillant sur une étude expérimentale d’une gestion communautaire des déchets du village EKAM de Caracol situé à Limonade, une commune du département du Nord d’Haïti.

Si les résultats de ces expérimentations s’avèrent concluants, le laboratoire se donnera le devoir de mettre son poids dans la balance pour mettre ces solutions locales à l’échelle de projet en cherchant à trouver d’autres partenaires pouvant aider à cet effet.

Référence :

https://haiticlimat.org/site/cap-haitien-sans-site-de-decharge-pour-la-gestion-de-ses-dechets/

https://www.eea.europa.eu/fr/signaux/signaux-2014/articles/les-dechets-un-probleme-ou