Construire la résilience d'Haïti par l'éducation, l'engagement citoyen et la gestion des risques

16 novembre 2021

Atelier d'exploration des risques naturels au Môle St-Nicolas, organisé par le PNUD, au profit des Etudiants du Master Géoscience de l'Université d'Etat d'Haïti. © PNUD Haïti / Ruvens Ely Boyer

Haïti a une longue histoire quant aux risques naturels, dont deux tremblements de terre majeurs depuis 2010, ainsi qu’à l’instabilité politique et à la pauvreté. En raison de son contexte géomorphologique et sismotectonique, Haïti est extrêmement vulnérable aux risques naturels comme le séisme de magnitude 7,2 qui a frappé le pays le 14 août 2021, faisant 2 000 morts et le séisme de magnitude 7,0 de 2010, qui a causé 200 000 morts et des pertes et des dommages estimés à 11 milliards de dollars.

Renforcer les capacités et encourager l'action citoyenne en matière de prévention des risques

Tirant les leçons de cette expérience, Haïti s'est fixé pour objectif d'améliorer sa résilience et de renforcer les capacités techniques nécessaires pour répondre de manière efficace à ces aléas. Certains de ces efforts incluent l'installation de 12 capteurs sismologiques professionnels à travers le pays par l'Université d'État d'Haïti en 2020, une démarche qui a permis au pays d'enregistrer, de localiser et d'analyser rapidement l'activité sismique sur le territoire, y compris les tremblements de terre et les répliques.

Une autre initiative est une campagne pour installer des stations semi-professionnelles à faible coût dans les maisons privées. Grâce à ces capteurs placés gratuitement chez des particuliers, le séisme du 14 août 2021 et les centaines de répliques qui ont suivi, ont pu être enregistrés par les stations sismologiques locales, dont celle du port de Saint-Louis-du-Sud.

Dans le passé, les séismes de faible magnitude pouvaient passer inaperçus car les stations régionales ne pouvaient pas les détecter. Aujourd'hui, même les séismes de magnitude inférieure à 2 sont détectés et enregistrés par le réseau local de stations sismologiques.

Toutes ces avancées techniques, en plus des contributions des citoyens, sont indispensables pour mieux comprendre les processus physiques mis en jeu lors des séismes, estimer les risques sismiques et limiter les dommages et les effets meurtriers des événements sismiques.

Sadrac St Fleur, cadre du PNUD, en train d'animer un atelier sur les aléas naturels pour des étudiants de l'Université d'Etat d'Haïti. © PNUD Haïti / Ruvens Ely Boyer

Sadrac St Fleur et un Coordonnateur technique départemental de la Protection Civile participant dans cette formation de renforcement des capacités. © PNUD Haïti / Ruvens Ely Boyer

Éduquer les générations futures

L'autonomisation des jeunes est également devenue un enjeu stratégique. Une campagne de formation lancée par l'Université d'État d'Haïti, a permis à des dizaines d'étudiants haïtiens de poursuivre leurs études doctorales à l'étranger, rendant la nation moins dépendante des chercheurs étrangers.

Par ailleurs, suite au séisme de 2010, l'Unité de Recherche de la Faculté des Sciences de l'Université d'État d'Haïti, avec l'appui du PNUD, propose désormais le premier master en Géosciences. Un nombre total de 50 étudiants haïtiens se sont inscrits dans ce programme d'éducation depuis son lancement.

Le PNUD a contribué à la formation d’un pool d’experts en risques naturels en vue de permettre au pays d’être moins dépendant des chercheurs étrangers. © PNUD Haïti / Ruvens Ely Boyer

Un des participants en train de faire des observations pratiques. ©PNUD Haïti / Ruvens Ely Boyer

De la gestion des risques sismiques au relèvement post-catastrophe

En plus de sa contribution à la prévention des catastrophes, suite au séisme de 2021, le PNUD a travaillé avec la Direction générale de la protection civile dans la gestion et le traitement des données au Centre national des opérations d'urgence et aux Centres départementaux des opérations d'urgence, facilitant la systématisation des informations, pour une meilleure évaluation des besoins qui permet le relèvement durable du Grand Sud.
 
Malgré tous les efforts déployés depuis 2010, il existe encore de nombreux défis dans la gestion des risques de catastrophe en Haïti, notamment des défis budgétaires auxquels sont confrontées les institutions de l'État telles que l'Université d'État d'Haïti, la Direction générale de la protection civile et l'Unité technique de sismologie. Pour résoudre ces problèmes, le PNUD a soutenu ces institutions par l'achat d'équipements géophysiques et de gestion des urgences, l'acquisition de stations sismologiques, la formation et le développement d'outils de prévention et de gestion des catastrophes.
 
L'appui du PNUD à la prévention et à la gestion des catastrophes en Haïti va au-delà du risque sismique. Il contribue également à travers des études multi-aléas dans plusieurs départements du pays en termes de gestion des risques de catastrophe et de relèvement. Avec cette approche territoriale basée sur la connaissance des risques, le PNUD aide Haïti à renforcer ses capacités et à devenir plus résilient face aux catastrophes naturelles.